LEÓN GARREAUD DE MAINVILLIERS
Graveur
Les gravures de León Garreaud de Mainvilliers évoquent la mémoire de la vallée du Río Tinto en Andalousie. L’artiste entreprend un dialogue entre le minerai – qui est à l’origine de la gloire et du déclin de ce bassin minier – et son travail de gravure sur cuivre
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León Garreaud de Mainvilliers est né en 1978 à Chuquicamata au Chili, dans un campement minier isolé du monde, en plein désert d’Atacama. Grandir dans une immensité aride n’a rien d’anodin, et ce rapport à l’espace vierge a nourri depuis toutes ses recherches artistiques et architecturales.
Car León Garreaud de Mainvilliers établit de nombreuses passerelles entre l’architecture et la gravure qu’il a étudié à Santiago et plus tard à Paris : l’architecture comme formulation concrète, la gravure comme terrain d’expérimentation spatiale. Ses estampes ont en effet dépassé, depuis longtemps, la simple dimension d’un exercice technique. L’abstraction de ses images et leurs formes tourmentées sont pour l’artiste un moyen de convoquer des questions humaines et sociales : comment l’homme s’établit-il dans un territoire ? comment évoquer les frontières symboliques dont il s’entoure et qui vont constituer les fondements de son identité ?
Ces œuvres nous posent d’emblée une question d’échelle. Nous devinons les contours d’un monde bâti, mais est-ce une ville ? une maison ? Ces formes ne sont pas sans évoquer les fameux géoglyphes qui parsèment les déserts chiliens : ces dessins de dimensions surhumaines et dont le sens défie toujours la raison.
Ce sont des gravures qui suggèrent de manière poétique le lien qui unit deux strates : la surface visible du territoire, géologique, et sa dimension symbolique, souterraine et inconsciente. Ce que León Garreaud de Mainvilliers cherche à suggérer, ce sont les traces d’une « histoire non écrite ». Une archéologie immatérielle.
Scintillement I. et II. peuvent être commandées ensemble à 1000 €
Sutures VII à XI, 2014 / Gravures à l’eau-forte, aquatinte, sucre, fleur de soufre et broderie de fil rouge / Chaque élément mesure 53 x 22,5 cm et est proposé à partir de 300 €
La série des 5 gravures est proposée à partir de 1300 €
En 2014, León est admis pour une résidence d’un an à la prestigieuse Casa de Velázquez (Académie de France à Madrid). Il s’y consacre à un projet aux multiples facettes, qui dresse un tableau métaphorique de la mémoire d’une région en déclin : la vallée minière du Río Tinto. Ces gisements andalous ont été exploités depuis la Préhistoire et ils assurèrent longtemps la richesse de la couronne d’Espagne. Ce sont des mines à ciel ouvert, aujourd’hui désaffectées, qui laissent une plaie béante dans un paysage minéral.
Pour évoquer la mémoire de ce lieu jadis prospère, León Garreaud de Mainvilliers choisit de partir du matériau qui est la cause commune de sa gloire et de son effondrement : le cuivre, qui entre naturellement en écho avec sa pratique de la chalcographie (gravure sur cuivre : pour en savoir plus, voir notre dossier vidéo sur la gravure en taille douce).
L’artiste s’empare d’un sujet complexe et cryptique, il s’agit donc pour lui de susciter l’interprétation et non de décrire une réalité physique. León Garreaud de Mainvilliers s’est donné pour but de « parler de l’homme sans le dessiner » et pour cela, il dépeint l’invisible en transcendant la technique de la gravure à travers un lexique qui lui est propre.
Ce discours sur la mémoire se développe à partir de la rencontre de deux matériaux que sont le cuivre et le papier. Ces deux entités, complémentaires et autonomes, appartiennent à deux registres très différents. La matrice est la composante géologique de son travail, il l’agresse et la ronge à l’acide. Il la façonne à la manière d’un sculpteur. Au contraire du papier, qui revêt une blancheur sensible. Et plus qu’un réceptacle, il offre un prolongement à son dessin. C’est cet environnement et les réserves de blanc qui viennent délimiter la forme.
L’empreinte chargée d’encre se prolonge également dans des motifs que l’artiste brode de fil rouge. Ces tracés font naturellement écho au fleuve rouge – le Río Tinto chargé de minerai – mais ils peuvent également être interprétés comme les prolongement souterrains dans lesquels León Garreaud de Mainvilliers ouvre des portes : des interstices entre un paysage vierge, l’extérieur, et le monde intérieur, protégé. C’est par ailleurs un acte symbolique et réparateur qu’entreprend l’artiste, qui renoue entre elles ces deux composantes pour en raviver la mémoire.
Des vers du poète chilien Pablo Neruda transposent dans un langage littéraire les idées soulevées par la série des Scintillements du Río Tinto. Extraites de L’Ode au Cuivre, les citations « iracundas cavidades pardas » (« irascibles cavités ») brodée sur la paire de gravures Sutures III. et IV. et « las arterias del volcán detenido » (« les artères du volcan endormi ») sur la paire de gravures Sutures I. et II. illustrent ces zones de transition entre un monde tellurique et l’univers extérieur.
Les séries Pyrites et Mémoire de la pierre constituent l’aboutissement de cette démarche de réminiscence. L’artiste y a marqué le papier avec des gaufrages – empreintes dénuées d’encre – qui donnent forme à une absence. La technique du Chine-collé est également un moyen de délimiter un espace symbolique et abstrait autour de ses motifs architecturaux.
Enfin, l’intégration de la matrice elle-même dans l’installation Mémoire de la pierre parachève ce dialogue entre la forme et son reflet : ce sont des chutes de métal que León Garreaud de Mainvilliers a retravaillé avec un ami verrier et qui évoquent par leur teinte cuivrée le minerai qui fut longtemps le trésor de la vallée andalouse.
Parallèlement aux projets des Scintillements et des Sutures, León Garreaud de Mainvilliers a voulu évoquer la présence des femmes dans l’univers masculin des mines. Les seules professions qui leur étaient réservées (dans les hôpitaux, les écoles, les usines de confection…) étaient plus ou moins liées à l’univers du textile. L’artiste a donc choisi de les représenter à travers leur accessoire symbolique : la mantille, qui est à la fois un voile, une cape ou une parure. La fonction religieuse des mantillas entre également en raisonance avec la sainte patronne des mineurs, Santa Barabara, qui est paradoxalement une femme.
Pour le graveur, cette série d’œuvres – qui s’intitule Susurres (murmures) – se devait d’être unique, il a donc opté pour la technique du monotype : une impression directe sur le papier d’une forme encrée, en un seul exemplaire. Mais il a repassé plusieurs fois sous la presse la même pièce de voile afin de matérialiser et dénoncer le déclin de cette société, jadis brillante, qui sombre aujourd’hui dans l’oubli.
Murmures XV, 2014
Monotype, œuvre unique
76 x 57 cm
À partir de 1400 €
Murmures XXI (vendue)
Les monotypes noir et blanc de la série Murmures mesurent 76 x 57 cm
Ils sont proposées à partir de 1400 €
Les monotypes rehaussés d’aquarelle mesurent 90 x 63 cm
Ils sont proposées à partir de 2400 €
Les séries Sutures et Scintillements sont éditées à 10 exemplaires
Série Épiphanies
Dans sa série Épiphanies (du grec Epiphaneia : « manifestation » ou « apparition »), l’artiste poursuit son expérimentation plastique des stratifications architectoniques avec un effet de miroir entre la lumière et l’ombre. Ce projet s’inspire de la valeur platonicienne de la lumière – et de sa dimension spirituelle mise en œuvre dans les édifices religieux – en opposant la blancheur du monde révélé à la noirceur de l’inconnu ou l’innommé.Gravures à l’eau-forte, aquatinte, sucre et fleur de soufre
Tirage en 10 exemplaires réalisé par les Ateliers Moret (Paris)
Série Alaxpacha
Dans sa série Alaxpacha, l’artiste convoque l’aymara, ancienne langue de l’empire Inca, pour représenter trois manières qu’a l’Homme d’occuper le sol. Kutirpu évoque une agriculture parcellaire, Lakata l’architecture militaire et Pallqa une ville marchande.
Pour en savoir plus sur cette série, ne manquez pas l’épisode du Showroom du Collectionneur Moderne qui lui est consacré.
Série Alaxpacha , 2013Gravures à l’eau-forte, aquatinte, sucre, fleur de soufre et chine-collé
Tirage en 10 exemplaires
BIOGRAPHIE
Afficher ses expositions, prix et publications FORMATION BOURSES ET RÉSIDENCES PUBLICATIONS et PRIX EXPOSITIONS COLLECTIVES 2016 Estampe Vivante, avec Graver maintenant, Espace l’Ermitage · Ville d’Avray, France Assemblage(s), avec Graver maintenant, Espace l’Ermitage · Rueil-malmaison, France COLLECTIONS et ENTRETIENS
2010 .2013 Cycle intensif en Gravure et Lithographie aux Ateliers Beaux-Arts de la ville de Paris, France
2006 Atelier expérimental des techniques d’Art _ Sérigraphie / Factoría Panamericana _ Santiago,Chili
1997 .2005 Architecte Université Catholique du Chili ( P.U.C. ) / Santiago,Chili / Double Mention. Spécialisation en Gravure et Sérigraphie / École d’Art P.U.C. / Santiago, Chili
2015 Fondation CIEC _ “Centre Internacional de l’ Estampe Contemporaine”
Bourse “Cercle des Beaux-Arts de Madrid”. Betanzos· Espagne
2014 HEDERA Printmaking Studio, Shirin Salehi Artiste · Madrid , Espagne
Fundació Pilar i Joan Miró · Palma de Majorque, Espagne
2013 .2014 Casa de Velázquez (CVZ) · Membre Artiste Académie de France à Madrid ( AFM ), Espagne
2016 Prix “Regner-Lhotellier” récompensant l’ensemble de l’oeuvre d’un Artiste Graveur
2015 Prix “Jean Couy” à l’Artiste émergent (- 40ans) + Catalogue
Biennale Internationale de l’Estampe _ “TRACES”· Saint-Maur, France
2015 Préface du livre de l’Artiste iranienne Shirin Salehi “Dancing with the jailer” · Prix ANKARIA 2015 Texte “Silences pour un sobre adieu” écrit à l’occasion de sa présentation à FIG Bilbao 2015
2014 Prix Georges Wildenstein, Académie des Beaux-Arts· Paris, France
2013 .2014 Catalogue des Artistes Résidents Casa de Velázquez / Catalogue «XXI ESTAMPA» , Espagne
EXPOSITIONS PERSONNELLES
2016 Lauréat du “Prix regner-Lhotellier” · Stand Association des amis d’Alfred-Georges Regner / Paris, France
2013 «Territoires Gravés» · L’Avant-Scène / Paris, France
2015 Biennale Internationale de l’Estampe _ “TRACES” · Saint-Maur des Fossés, France
Galerie “ZEUXIS” _ 10 Artistes à l’Hôtel de Croisilles· III Arrondissement _ Paris, France
« Máster CIEC 2015» , Centre International de l’Estampe Contemporaine / Betanzos, Espagne
« PARAL-LELISMES » , Reial Cercle Artístic de SANT LLUC / Barcelone, Espagne
Galerie “KUNST” _ Jeunes Artistes à l’ ”Espace O” · Barrio Lastarria _ Santiago, Chili
« ITINÉRANCE » , Manoir de la Touche · Musée Dobrée / Nantes, France
« ARTISTES DE LA CASA DE VELÁZQUEZ » , Fondation Fuendetodos Goya, Saragosse , Espagne
2014 « ITINÉRANCE » , Espace Évolution · Pierre Cardin / Paris, France
« PETIT FORMAT » , Maison du Chili / Paris, France
« SOULAGES et son époque » , Les Ateliers de la Scierie, Fondamente, France
« ITINÉRANCE » , Monastère Santa María de Veruela / Saragosse, Espagne
« ITINÉRANCE » , Exposition Artistas Residentes CVZ / Madrid, Espagne
« Un día en la Casa de Velázquez » , Exposition CVZ / Madrid, Espagne
« La Bolsa y la Vida » , Exposition Itinérante · Homenaje a José Guerrero / Espagne
« ESTAMPA » , XXI Edition, Stand CVZ / Centre Culturel “Matadero” · Madrid, Espagne
4th Guanlan Internacional Print Bienal / Short List
« Journée de l’Estampe Contemporaine » , Place Saint Sulpice / Paris, France
«Lézarts de la Bièvre» , Circuit Artistique Glacière / Paris, France
Servicio de Dibujos y Grabados, Biblioteca Nacional de España, Madrid , Espagne / Collection Musée de Saint Maur des Fossés, Villa Médicis, France / Collection d’Etat Casa de Velázquez, Ministère de L’Enseignement Supérieur et de la Recherche /Fundación Venancio Blanco, Salamanca, Espagne / Fundación CIEC , Betanzos, Espagne / Fundació Pilar i Joan Miró, Série “Territoires Hybrides”, Palma de Mallorca, Espagne / Artistes Ateliers Moret, Paris, France / Collection Hedera Printmaking Studio, Madrid, Espagne / Privées au Chili, au Brésil, aux États-Unis, au Luxembourg, en Espagne et en France
“Le Jour d’Avant” FRANCE MUSIQUE / “Un Chileno en la Casa de Velázquez” Antena 3 _ España