La série Scintillements du Rio Tínto, que León Garreaud de Mainvilliers a entrepris lors de sa résidence d’un an à la prestigieuse Casa de Velázquez (Académie de France à Madrid), est un tableau métaphorique de la mémoire d’une région en déclin : la vallée minière du Río Tinto. Ces gisements andalous ont été exploités depuis la Préhistoire et ils assurèrent longtemps la richesse de la couronne d’Espagne. Ce sont des mines à ciel ouvert, aujourd’hui désaffectées, qui laissent une plaie béante dans un paysage minéral.
Pour évoquer la mémoire de ce lieu jadis prospère, León Garreaud de Mainvilliers choisit de partir du matériau qui est la cause commune de sa gloire et de son effondrement : le cuivre, qui entre naturellement en écho avec sa pratique de la chalcographie.
Ce discours sur la mémoire se développe à partir de la rencontre de deux matériaux que sont le cuivre et le papier. Ces deux entités, complémentaires et autonomes, appartiennent à deux registres très différents. La matrice est la composante géologique de son travail, il l’agresse et la ronge à l’acide. Il la façonne à la manière d’un sculpteur. Au contraire du papier, qui revêt une blancheur sensible. Et plus qu’un réceptacle, il offre un prolongement à son dessin, de même que les motifs brodés de fil rouge qui peuvent être interprétés comme les prolongement souterrains des formes contrastées.
Des vers du poète chilien Pablo Neruda transposent dans un langage littéraire les idées soulevées par la série des Scintillements du Río Tinto. Extraites de L’Ode au Cuivre, les citations « iracundas cavidades pardas » (« irascibles cavités ») brodée sur la paire de gravures Sutures III. et IV. illustre ces zones de transition entre un monde tellurique et l’univers extérieur.
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