L’ŒUVRE
Dans sa série Mono-chrone, Józef Bury propose une approche expérimentale du médium photographique. La chrono-photographie défie notre perception rétinienne. Elle offre un moyen étonnant de capter les phénomènes qui sont trop lents pour qu’on se les représente physiquement. Le travail habituel d’un photographe consiste à sélectionner l’aspect qu’il va valoriser à travers son cliché, en choisissant des réglages optiques pour en privilégier certaines valeurs. De cette manière, il adapte son image pour confirmer sa perception. À l’inverse, ce que propose Józef Bury avec son procédé de prise de vue, c’est de renoncer à toute subjectivité. Il utilise le temps d’exposition au détriment de toute autre variable. De cette manière, il suspend ses connaissances et laisse l’appareil photographique lui révéler une autre réalité, à travers ses deux paramètres principaux, que sont la lumière et le temps.
Le va-et-vient de la marée est un phénomène qui nous est familier, mais sur lequel on ne peut pas poser réellement d’image : il apparaît sur cette digue sous une forme spectrale inattendue, que nos habitudes nous font assimiler à de la brume. Et sous cette couche laiteuse apparaît une masse plus sombre : ce sont les fonds immobiles que seule cette technique est à même de nous révéler.
Si vous vous attardez un petit peu sur Mono-chrone 1/3 et que vous cherchez à l’analyser, vous vous rendrez compte de certains détails qui ne sont jamais le fruit du hasard. Les vagues attrapent légèrement la lumière, l’horizon est souligné par un cerne plus contrasté et – surtout- une résurgence forme un motif en face de la digue qui pourrait paraître irréel.
L’artiste se place même au cœur de l’expérience créative : ces clichés peuvent être considérés comme les archives d’une performance mémorielle, les traces d’un événement dont le photographe est le seul témoin. Pendant la captation, il est resté à l’affut des événements qui devraient influencer l’image et tente d’en anticiper les effets plastiques. Lorsqu’il découvre l’enregistrement, Józef Bury fait une analyse critique de ses souvenirs en les confrontant à la mémoire photographique.
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