Beauté Congo

Jusqu’au 10/01/2016
L’exposition Congo Kitoko nous donne à voir l’art congolais comme une prolifique filiation, depuis les précurseurs du début du XXème siècle jusqu’à nos jours

Affiche Beaute Congo P Mika Kiese na kiese
JP Mika : Kiese Na Kiese, 2014
(Le Bonheur et la Joie)
Coll. Pas-Chaudoir, tous droits réservés
Informations pratiques :
261 boulevard Raspail, 75014 Paris
Site de l’exposition : fondation.cartier.com/fr
Tarif : 10,50 € (tarif réduit : 7 €)
Du mercredi au dimanche de 11h à 20h
Nocturnes le mardi jusqu’à 22h

Les artistes du dossier :
-> Pathy Tshindele
-> Mega Mingiedi Tunga
-> Kiripi Katembo

L’exposition prend le parti de raconter l’histoire de l’art congolais à reculons. Nous rentrons donc de plain pied dans le Congo d’aujourd’hui, avant de redécouvrir avec délectation quelques pièces maîtresses des « artistes populaires » des années 80, devenus célèbres aujourd’hui (Chéri Samba, Chéri Chérin, Moke, etc.). Puis, au sous-sol, nous partons en immersion dans les racines de cet art sans langue de bois, avec des photographies nocturnes de Léopoldville (ancien nom de Kinshasa) dans les années d’après-guerre, ou des peintures naïves des élèves de « l’atelier du Hangar », une académie que l’artiste français Pierre Romain-Desfossés a fondé en 1946 à Élisabethville (actuelle Lubumbashi).

Les trois artistes que nous avons sélectionnés ont puisé dans ce riche héritage pour composer un art engagé et toujours aussi bariolé, mais qui nous révèle de manière moins littérale qu’autrefois les problématiques de la République démocratique du Congo.

PATHY TSHINDELE

pathy tshindele kings illustration
Sans titre, Série « It’s My Kings », 2012 / Coll. de l’artiste, tous droits réservés

Pathy Tshindele a participé en 2003 à la création du collectif Eza Possibles (« c’est possible » en lingala) qui a entrepris des projets participatifs et sociaux dans les rues de Kinshasa et a engagé un dialogue avec les scènes artistiques du monde entier.

Une première série de toiles, exposée à la Fondation Cartier, dépeint les habitants de son quartier à la manière fougueuse d’un Basquiat. Puis dans un autre style, son cycle « It’s My Kings » (Ce sont mes rois) habille de grands chefs d’État étrangers en habit royal Kuba, dénonçant avec humour la dépendance de la politique congolaise aux superpuissances internationales.

Lien : Blog du collectif Eza Possibles

MEGA MINGIEDI TUNGA

mega mindiegi cash illustration
Hold Up Sa Paye Cash / Mega Mindiegi Tunga, tous droits réservés

Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa puis de l’école supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg, Mega Mindiegi Tunga est un autre membre fondateur du collectif Eza Possibles. Dans son travail de plasticien, de dessinateur et de performeur, il interroge les mécanismes urbains sous forme de cartographie conceptuelle.

Dans l’œuvre exposée à la fondation, l’artiste présente le flux symbolique des richesses en République démocratique du Congo : l’exploitation des ressources est symbolisée par l’autoroute qui a été construite pour relier l’Afrique du Sud jusqu’à Lubumbashi et qui débouche ici sur une grande clé en or incrustée de diamants. Les abords du parcours sont jonchés d’une multitude de symboles de la modernité (marques de grande consommation, QR code, pacotilles en plastique, etc.), mais aussi de villages traditionnels et de bidonvilles.

Lien : portrait de l’artiste dans le projet Les revenants
Interview vidéo
à retrouver sur le site de la Fondation Cartier

KIRIPI KATEMBO SIKU

kiripi katembo errer subir illustrations
« Errer » et « Subir », tirages lambda 2011, coll. de l’artiste / tous droits réservés

Autre élève de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, Kiripi Katembo a connu une carrière artistique fulgurante, d’abord en tant que peintre, puis réalisateur et photographe, avant qu’une malaria fulgurante ne l’emporte tragiquement cet été, à l’âge de 36 ans.

Artiste de l’urbanité, il avait déclaré avoir initié la série Un regard « en fuyant le regard des gens », gênés par son objectif. En filmant les flaques, il découvre alors une autre réalité de la ville. Il décide de mettre en scène ces paysages et ces portraits dans des photographies d’une grande perfection picturale, ponctuées de détails plastiques surréalistes : un rocher qui s’effondre sur la tête d’un passant, une constellation de déchets dans un ciel diurne, etc.

« Si l’on prend l’image dans le sens normal » disait-il, « c’est le chaos. Dès qu’on la retourne, tout devient plus positif et plus beau ».
Liens : vidéo Voitures en carton présentée en 2008 au Centre Pompidou
Site web d’Africalia qui présente l’interview de l’artiste dans le cadre de l’exposition, ainsi qu’une monographie de son travail