Pourquoi Guillaume Horen proclame
« Achetez de l’art »

Si vous vous intéressez à la diffusion de l’art sur internet, vous aurez certainement déjà croisé le slogan « Achetez de l’art ».
Ce message vital et viral est porté par Guillaume Horen, un communiquant chevronné qui anime un guide du marché de l’art sur
achetezdelart.com

Entretien

Guillaume Horen© Pascal Flamant

« Ce que j’aimerais, c’est devenir le Tripadvisor du marché de l’art »

LCM : Pourquoi a-t-on besoin aujourd’hui d’écrire « Achetez de l’art » ?

G.H : Pour beaucoup de monde, le marché de l’art se résume aujourd’hui à la FIAC, à l’affaire des cols rouges de Drouot et quelques histoires de faux dont on nous parle beaucoup. Alors qu’il n’y a vraiment pas que ça ! J’aimerais beaucoup faire évoluer cette image.

Notre finalité peut paraître un peu ambitieuse : c’est d’améliorer le quotidien des gens. Faire en sorte qu’ils s’entourent d’œuvres et d’objets d’art, parce que vivre avec de l’art, c’est juste du bonheur !

Les choses changent et notamment grâce à internet. Il y a quinze ans, l’achat en ventes aux enchères était réservé à un petit monde d’avertis. Ça a évolué dans le bon sens, mais il y a encore du boulot à faire.

LCM : Et c’est dans ce but que vous avez créé votre plateforme de notation des marchands d’art en ligne par les internautes ?

G.H : L’idée est vraiment de développer des services aux primo-acquéreurs et aux collectionneurs. Je me suis aperçu en deux ans d’Achetez de l’art que les internautes qui s’intéressent à l’art sont complètement perdus. Alors nous les guidons.

Je reçois régulièrement des messages de gens qui me remercient pour la mise en avant d’une œuvre ou d’un artiste, ou pour le guide en général. J’ai également des retours extrêmement positifs de sites qui sont référencés dans le guide qui me disent qu’ils ont eu des contacts et parfois même des ventes qui se sont faites grâce à Achetez de l’Art. Je suis vraiment content, parce que c’est exactement le but de cette campagne.

Ce que j’aimerais, c’est devenir le « Tripadvisor du marché de l’art », mais avec en plus une modération des avis qui me paraît essentielle. Je reçois parfois des avis très négatifs sur des sites qui sont dans notre sélection, et dans ce cas je sers d’intermédiaire : j’essaie de contacter le site récriminé et la personne qui a laissé l’avis, pour comprendre ce qui s’est passé. Tous les avis sont modérés, je fais vraiment attention à ça.

LCM : C’est un guide avant tout, mais pas seulement ?

G.H : Oui, nous avons également une activité de conseil qui se développe à vive allure et que nous allons poursuivre à l’avenir.

On s’aperçoit que les gens sont perdus sur plusieurs sujets. Notamment sur les sujets fiscaux (les questions de TVA sont parmi les plus complexes) : le principe de cette rubrique, ce sont des conseils qui sont prodigués gratuitement par des spécialistes.

Une avocate, Me Ophélie Dantil, nous rédige des billets, et chaque sujet donne lieu à d’innombrables questions et commentaires. On a énormément de choses à dire, c’est sans fin.

Achetez de l'art

LCM : Votre slogan n’est-il pas un cri d’alarme ? Vous pensez que la jeune génération reste à convaincre ? Surtout en ce qui concerne l’art ancien…

G.H : Clairement. L’histoire de l’art est passionnante. Elle est parfois même accessible ! J’ai récemment mis en avant un tableau du XVIIIème qui était proposé par Expertissim, une gravure de Piranese… Je ne veux pas que les gens associent exclusivement Achetez de l’Art à du Street art ou de l’art contemporain. Nous nous intéressons à toutes les spécialités.

À titre personnel, je suis un grand fan de paysages du XVIIème (ndlr G.Horen anime un site sur l’œuvre de Poussin nicolas-poussin.com) mais également de Street art : c’est assez vaste… Mais chacun ses goûts ! Ce qui compte, c’est que les gens s’intéressent à cette notion de collection, à ce rapport aux œuvres ou aux objets.

Quand j’ai commencé à parler d’Achetez de l’Art, j’avais une présentation Powerpoint dans laquelle je mettais en regard une commode Ikea avec une commode ancienne, qui étaient proposées au même prix ! Ma démarche n’est pas de dire que les meubles Ikea sont moches, mais que les meubles anciens ont un supplément d’âme et que c’est simplement dommage de se meubler à 100% en Ikea.

LCM : Vous conseillez également des marchands d’art dans leur stratégie numérique : est-ce que tous les mécanismes du e-marketing sont valables dans le domaine de l’art ?

G.H : Les internautes commencent à avoir de l’expérience sur l’achat en ligne, et ils ont un niveau d’exigence qui va crescendo. Le marché de l’art a du travail à faire. Les sites qui sont bien classés dans notre guide proposent un service de e-commerce qu’on ne trouve pas toujours chez un commissaire-priseur ou une galerie. Ça fait partie du service minimum et cette attente est très forte chez les « e-collectionneurs ».

Prenons l’exemple d’Amazon : c’est une plateforme diabolisée, mais qui s’est imposée comme référence en terme de services et de logistique. Ils sont juste exceptionnels. C’est cela que nous voulons défendre : des gens qui se démènent pour que leurs clients soient satisfaits.

Guillaume Horen

© Pascal Flamant

LCM : Selon vous, jusqu’où peut aller la dématérialisation du marché de l’art ?

G.H : Je pense qu’une transformation doit se faire – et c’est pour ça que j’ai lancé Achetez de l’art – mais je suis persuadé que les deux ne sont pas exclusifs : on ne va pas passer au « tout numérique » et les galeries « physiques » auraient tort de voir en internet un concurrent.

L’idée c’est que « l’art fasse le premier pas », grâce à internet et aux réseaux sociaux, vers des gens qui n’y seraient pas allés naturellement. Et ensuite, une fois qu’on y a goûté, c’est en principe une passion qui se développe. Il n’y a pas de raison que ça s’arrête.

Mon grand sujet d’aujourd’hui, c’est la « transformation ». Deux types de transformation me tiennent à cœur : la transformation du visiteur virtuel en acheteur virtuel. Le guide fait partie des éléments qui doivent faciliter cette conversion. L’autre type de transformation concerne les galeries physiques : ce que j’essaie de leur expliquer, c’est qu’internet est un outil complémentaire qui leur permet de transformer des visiteurs virtuels en visiteurs réels. Je pense que le modèle des galeries va perdurer, mais qu’elles doivent parfois « se réveiller »… Il y a encore pas mal de boulot.

LCM : Quels sont vos projets pour Achetez de l’Art ?

G.H :  Nous développons en ce moment un nouveau guide pour « acheter de l’art en galerie » et je rêve de faire un « guide des sites d’artistes ». Il y a plein d’artistes qui ont des sites magnifiques.

Nous avons une communauté essentiellement francophone, en France, mais également en Belgique, en Suisse ou au Canada. L’étape suivante serait de défendre la culture française à l’étranger. Et notamment aux États-Unis où j’aimerais vraiment étendre notre message !

Notre but est d’être reconnu comme prescripteur. Quand j’apprends que des gens se sont intéressés à telle ou telle spécialité et ont acquis telle ou telle œuvre, je suis vraiment très content ! Développer l’esprit de collectionneur, c’est aussi amener le public à s’intéresser aux artistes. C’est très difficile de vivre de son art aujourd’hui, c’est un vrai sujet…

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