CONDITIONNEMENTS
CONDITIONNEMENTS
Exposition éphémère
du jeudi 13 au samedi 15 juin 2019
de 10h à 20h
Galerie Au Médicis
5 rue de Médicis, 75006 Paris
Le Collectionneur Moderne s’associe à KissmyArt Paris pour faire dialoguer les œuvres du peintre hollandais Gurt Swanenberg et de la plasticienne danoise Nadia Plesner sur le thème du « conditionnement »
Retrouvez sur achetezdelart.com les sérigraphies originales des deux artistes que nous avons coéditées à l’occasion de l’exposition :
ÉDUCATION, ÉLEVAGE, MARKETING, EMBALLAGE…
Les références aux « conditionnements » abondent dans les œuvres de Nadia Plesner et Gurt Swanenberg. La riche polysémie de ce mot se retrouve dans tous leurs travaux.
Lorsque Gurt Swanenberg peint des animaux à la manière d’un naturaliste mais sur des sacs McDonald’s (série Human Nature), il illustre la variété sémantique du terme : l’élevage de « races à viande » est une forme de conditionnement, l’emballage du produit en est une autre, de même que la campagne de marketing qui prépare le grand public à le consommer.
Quand Nadia Plesner expose, en grand format, des slogans publicitaires (Taste the Rainbow, ci-contre), elle sait que le public devinera certaines marques auxquels ils sont associés. Mais en brouillant ensuite le texte dans un effet d’optique, elle encourage le lecteur à réaliser l’incohérence de l’ensemble et son propre aveuglement.
L’une puise son inspiration dans les médias de masse tandis que l’autre s’intéresse aux sciences naturelles, mais tous deux nous invitent à identifier des intuitions qui nous sont dictées par le marketing et la médiatisation.
Nadia Plesner et Gurt Swanenberg convoquent des objets signifiants qui appellent chez le spectateur des réflexes subconscients. Cette dimension interactive de leur travail met en lumière nos formatages : nos conditionnements sont à la fois le sujet et le médium de leur art.
Au-delà du déterminisme et du libre arbitre, cette réflexion sur notre « condition humaine » soulève des enjeux profondément humanistes. C’est notre connaissance du monde et in fine notre « nature humaine » que ces artistes interrogent.
Nadia Plesner, Taste the rainbow, 2018
Huile sur toile, 200 x 140 cm
« Si nous pouvions nous dépouiller de tout orgueil, si, pour définir notre espèce, nous nous en tenions strictement à ce que l’histoire et la préhistoire nous présentent comme la caractéristique constante de l’homme et de l’intelligence, nous ne dirions peut-être pas Homo sapiens, mais Homo faber (l’homme « fabricateur »).
En définitive, l’intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils et d’en varier indéfiniment la fabrication. »
Henri Bergson, L’Évolution créatrice (1907)
Éd. PUF, coll. «Quadrige», 1996, chap. II, pp.138-140
GURT SWANENBERG
Gurt Swanenberg compose le « cabinet de curiosité » du XXIème siècle. La référence à ces collections, où les érudits accumulaient jadis toutes les créations terrestres (scientifiques, végétales, animales, artistiques, etc.) autorise l’artiste à rassembler des éléments hybrides qui symbolisent notre rapport à la nature.
Né aux Pays-Bas en 1976 et diplômé de l’Académie de Tilburg, Gurt Swanenberg combine des inspirations très diverses pour dresser le portrait de la société de consommation : zoologie, allégories classiques, publicités, logos commerciaux et des squelettes en tous genres qu’il intègre parfois dans ses œuvres.
Pour sa série Human Nature, il a identifié des espèces d’animaux d’élevage dans différents pays et les a représentées, en captivité, sur des sacs McDonald’s provenant des mêmes pays. Ces vaches, ces porcs et ces coqs sont identifiés par leur nom latin et dépeints avec un soin méthodique sur des emballages que l’artiste a glanés à travers le monde.
Le peintre-naturaliste illustre le phénomène de standardisation génétique, tout en s’appliquant à relever ses spécificités locales. Il s’intéresse également au mutualisme, la relation de bénéfice mutuel qui nous lie à ces « races à viande », génétiquement adaptées à notre culture alimentaire, qui n’existent plus sous leur forme originelle et dont la survie dépend désormais de l’Homme.
Beef Shorthorn, série Human Nature, 2019
Acrylique sur sac en papier (McDonald’s), 34 x 24 cm
Gurt Swanenberg met au goût du jour les répertoires allégoriques classiques en y intégrant les marques. L’installation Invidia réactualise ainsi l’iconographie de la médecine en associant au serpent d’Esculape un damier d’emballages pharmaceutiques.
L’artiste hollandais s’accorde la même liberté que les “curieux” du XVIIème siècle et imagine des créatures fantasmagoriques dans sa série Cryptozoology. Composées de logos et assorties d’un code-barre en trompe-l’œil, ces « chimères » forment un nouveau bestiaire mythologique issu de l’évolution consumériste.
Surmontant le dénuement esthétique de ses sujets, Gurt Swanenberg a élu le bien de consommation comme l’objet le plus symptomatique de nos sociétés. Une démarche passionnante qui soulève des questionnements inédits sur nos modes de vie et notre rapport au monde vivant.
À gauche : Invidia (Staff of Asclepius), 2016 / huile et laque sur panneau, squelette de serpent (Python regius), 212 x 65 cm
À droite : Cryptozoology (Specimen 8), série Industrial Evolution, 2013 / Huile sur panneau, 40 x 27 cm
☞ Voir toutes les œuvres de Gurt Swanenberg disponibles en ligne dans la galerie du Collectionneur Moderne
NADIA PLESNER
L’œuvre pluridisciplinaire de Nadia Plesner a pour fil rouge le thème de l’information. Son travail sur la perception de l’image propose des rapprochements provocants entre des techniques de marketing publicitaire et des questions humanistes.
Née au Danemark en 1981, Nadia Plesner est diplômée de la Gerrit Rietveld Academie d’Amsterdam.
Elle est mondialement connue pour le bras de fer qui l’a opposée à partir de 2007 à la société Louis Vuitton qui a tenté de l’empêcher de diffuser son dessin Simple Living. Cette œuvre aux allures de cartoon, opérait un rapprochement radical entre deux actualités que l’artiste avait vu se côtoyer en 2007 dans un magazine : un cliché de Paris Hilton – arborant chihuahua et sac Vuitton – et un article laconique sur le drame du Darfour.
Cette tentative d’éveil des consciences a pris la forme de t-shirts que l’artiste a vendu au profit d’une ONG. Elle a valu à la jeune artiste quatre ans d’une épuisante poursuite judiciaire pour utilisation non autorisée d’un modèle protégé. Mais elle a également donné naissance à un formidable mouvement de soutien : cartoonistes, street artistes, internautes (le réseau Anonymous lui offre même un renfort inattendu) et le Heart Museum de Copenhague soutiennent la jeune artiste.
Simple Living, 2007
Le jugement d’appel en mai 2011 a donné raison à Nadia Plesner et a annulé les pénalités accumulées de 485.000 €. Le juge a privilégié la liberté d’expression de l’artiste sur le droit à l’image revendiqué par Louis Vuitton. Les propriétaires de marques doivent désormais accepter un usage critique de leur image.
The Plight I, 2019 (détail)
Plume et ecoline sur papier, 65 x 80 cm
Space Invaders III, 2018
Gouache sur papier, 20 x 30 cm
Bongo the Bear, 2018
Crayon sur papier, 30 x 42 cm
Les œuvres exposées à l’occasion de notre événement éphémère traitent avec ironie des « instincts » de conservation de l’Homme du XXIème siècle : instinct grégaire, instinct de survie, physique et médiatique…
Nadia Plesner témoigne de notre conformisme à travers la représentation des foules enragées des Black Fridays, du phénomène de dépendance au smartphone, de la mode illusoire des masques sanitaires en Asie…
Elle s’intéresse également au règne animal avec des exemples fameux d’anthropomorphisme : Laïka, Albert II ou encore M. Sam sont des histoires vraies de créatures que nous avons envoyées dans l’espace. Bongo the Bear est tiré quant à lui d’un conte sur les aventures d’un ours de cirque qui ne parvient pas à s’insérer dans la vie sauvage et choisit de retourner en captivité.
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