« Contacts »
Les secrets des grands photographes
Contacts est une série de documentaires produits par Arte (et La Sept) entre 1989 et 2004. Dans ces 33 épisodes de 13 minutes, les plus prestigieux photographes sont invités à commenter leurs planches-contact et dévoilent ainsi les secrets et les tâtonnements de leur travail artistique.
Le Collectionneur Moderne, qui s’adonne également au documentaire artistique (mais n’a aucun intérêt financier chez Arte Video !) y a trouvé une belle source d’inspiration. Nous recommandons chaudement la série Contacts aux passionnés de photographie.
Henri Cartier-Bresson, William Klein, Raymond Depardon, Mario Giacomelli, Josef Koudelka, Robert Doisneau, Edouard Boubat, Elliott Erwitt, Marc Riboud, Leonard Freed, Helmut Newton, Don McCullin
DVD2 : Le renouveau de la photographie contemporaine
Sophie Calle, Nan Goldin, Duane Michals, Sarah Moon, Nobuyoshi Araki, Hiroshi Sugimoto, Andreas Gursky, Thomas Ruff, Jeff Wall, Lewis Baltz, Jean-Marc Bustamante
DVD3 : La photographie conceptuelle
John Baldessari, Bernd et Hilla Becher, Chistian Boltanski, Alain Fleischer, John Hilliard, Roni Horn, Martin Parr, Georges Rousse, Thomas Struth, Wolfgang Tillmans
CONFESSIONS DE PHOTOGRAPHES
La série Contacts repose sur un parti-pris de réalisation minimaliste : les planches contact défilent, sans plan de coupe, sans qu’on ne voit jamais le visage de l’artiste. Les prises de vue se déroulent comme un film, une succession d’instantanés qui diffèrent parfois par quelques subtiles détails… jusqu’à ce qu’apparaisse LE cliché, lardé de coups de crayon rouge. Celui que l’artiste a élu.
Les commentaires des photographes accompagnent l’image en voix off. Ce sont des textes soigneusement rédigés, avec des tournures souvent littéraires. On devine que le réalisateur a laissé une large place à l’initiative et aux choix des artistes, quand ils n’ont pas eux-même réalisé leur film.
Ce qu’il voit à travers le viseur, son hésitation, ses ratages… Son choix »
William Klein
Ils se prêtent à l’exercice avec une complicité généreuse, malgré une réticence de principe, souvent exprimée en préambule. Eliott Erwitt résume ainsi cette méfiance : « Pour garder à notre métier sa part de mystère, et aussi pour éviter de montrer nos faiblesses, les planches-contact doivent rester aussi confidentielles que les paroles échangées chez le psycho-analyste ou dans un confessionnal. » La série Contacts est donc occasion privilégiée d’entrer dans la confidence des créateurs.
Josef Koudelka préfère laisser la parole à son galeriste : « Si j’ai quelque chose à dire, peut-être peut-on le trouver dans mes photos (…) Je laisse les autres dire ce qu’elles signifient ». Mais les photographes humanistes parlent plus facilement de leurs prises de vue et commentent avec une certaine délectation le surgissement du détail imprévu, celui qui va permettre de sublimer leur cliché.
QU’EST-CE QU’UNE BONNE PHOTOGRAPHIE ?
La question du choix du « bon cliché » est au cœur de la série Contacts. Tous se la posent, mais nul ne parvient à y répondre directement. La chance est souvent invoquée, Edouard Boubat parle d’un « cadeau » offert par le destin. Pour Cartier-Bresson, c’est « le flair, le pifomètre, le compas dans l’œil » auxquels s’ajoute un ingrédient secret : « tout ce qui vient de l’inconscient : et là, on n’en sait rien, c’est l’inconscient ».
Si les mots leur manquent souvent pour justifier leur sélection, les images suffisent à nous la faire comprendre. Un personnage supplémentaire, un pas de côté, un rayon de lumière… et l’on voit subitement la composition s’organiser comme une évidence. C’est un bel apprentissage par l’image.
Sarah Moon décrit ses séances de prises de vue comme de véritables luttes, souvent empreintes de désespoir. « Sur les contacts, je retrouve, seconde après seconde, la peur, la lenteur, le labeur, l’absurde, et quelquefois pourtant une photo avec, comme ils disent « une valeur ajoutée ». Une photo pour moi, une vraie photo, cet instant de grâce qui m’avait presque échappé et qui peut-être ne se reproduira jamais »
Les 2e et 3e DVD, en abordant la photographie contemporaine, délaissent peu à peu l’analyse des planches-contact. Le travail des photographes obéissant souvent à des protocoles, la fugacité de la prise de vue cède la place aux concepts. Mais l’explication des démarches devenant incontournable, les commentaires ne perdent rien de leur éloquence.
Le coffret est disponible sur la boutique en ligne du site d’Arte.
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