La FIAC, baromètre du marché français

L’événement est devenu vital pour les galeries françaises. Quelques jours après la Frieze Art Fair de Londres, c’est au tour de Paris d’être saisi d’une frénésie artistique. Pendant quatre courtes journées, les événements s’enchaînent, entre un programme officiel déjà très chargé et des événements parallèles à foison. Il faut se rendre à l’évidence : on ne peut pas faire le tour complet de la FIAC.

thumbnail fiac 2015 grand palais

Événements officiels :
Du 22 au 25 octobre 2015, de 12h à 20h

Pass : 40 € (tarif réduit : 20 €)
Site web officiel :
www.fiac.com

Grand Palais
Cité de la Mode et du Design

Jardin des Tuileries
Jardin des Plantes
Musée Eugène Delacroix
Maison de la Radio
Place Vendôme

Lehmann Maupin Lee Bul

Lee Bul, Monster Pink, 1998/2011 – stand de la galerie Lehmann Maupin

UN ÉVÉNEMENT DEVENU INCONTOURNABLE POUR LES GALERIES

Comme le soulignait au mois de mars le TEFAF Art Market Report, 40 % des ventes d’œuvres d’art contemporain sont désormais conclues à l’occasion des grandes foires internationales. On en compterait désormais 180 à travers le monde dont 39% aux États-Unis, 38% en Europe et 12% en Asie. La FIAC parisienne serait en train de briguer la troisième, voire la deuxième place en terme d’influence et de prescription de tendance (après Art Basel, mais en concurrence avec la Frieze Art Fair).

Avec 74 567 visiteurs en 2014 et une dizaine de transactions dépassant les 5 millions d’euros (d’après l’interview de sa directrice pour l’édition spéciale du Point), la FIAC est donc devenue un lieu de passage inévitable pour toute galerie qui souhaite se donner une visibilité à l’international.

Mais c’est également une charge considérable, puisque la location d’un espace au Grand Palais peut coûter plus de 47 000 € et que seuls 10 élus reçoivent le soutien financier de la fondation des Galeries Lafayette (ces galeries innovantes sont exposées dans la galerie sud).

Les participants se retrouvent bien « obligés de vendre » pour couvrir leurs frais et c’est une frénésie générale qui envahit la foire, alors que les galeries souffrent d’un manque cruel de fréquentation le reste de l’année.

UNE POLÉMIQUE INUTILE AUTOUR DE LA REPRÉSENTATION NATIONALE

Paris internationale Supportico Lopez Natalie Hausler

Autre lieu, autre ambiance à Paris internationale © Natalie Haüsler / Supportico Lopez et Gregor Staiger

Avec 175 exposants venus de 23 pays différents, la FIAC mérite bien son « i » !

La contrepartie de cette ouverture est malheureusement la grogne des galeries françaises qui souhaiteraient être mieux représentées. Elles sont néanmoins 42 à avoir été sélectionnées, c’est-à-dire 25 % de représentation nationale sous la verrière du Grand Palais. Peu de foires internationales offrent une telle visibilité à leurs compatriotes.

La place manque pour représenter tout le monde, les lieux d’exposition se sont donc multipliés : depuis l’année dernière, les Docks – Cité de la Mode et du Design accueillent « Officielle », un programme réservé aux jeunes galeries ou aux programmations ambitieuses (69 exposants dont 28 % de français).

Les expositions de type « salon des refusés » se sont multipliées au-delà du raisonnable :

  • Art Elysées sur les Champs réunit 80 galeries
  • Slick Art Fair sur les quais accueille 31 exposants
  • YIA Art Fair au Carreau du Temple compte 65 stands
  • Paris Internationale, dernière née, rassemble 41 exposants dans un hôtel particulier de l’avenue d’Iéna
  • Cutlog expose 60 artistes et une dizaine de curateurs à l’Hôtel de l’Industrie
  • Outsider Art Fair à l’Hôtel du Duc convie 36 galeries spécialisées dans l’art brut
  • Variation-Media Art Fair à l’Espace des Blancs Manteaux dans le domaine des nouveaux médias

S’y ajoutent toutes les œuvres dispersées dans Paris dans le cadre du programme « Hors les murs », les événements et performances qui ponctuent toutes les soirées et les programmes initiés par les galeries dans leurs murs (voir les programmes « Nocturnes des galeries » ou le très élitiste « VIP-VIG »)

Il n’y avait que 4 événements du genre en 2009. Face à l’inflation actuelle, on ne comprend pas comment la polémique peut toujours avoir cours !

PEU D’ACHETEURS FRANÇAIS

De l’aveu des galeristes étrangers, le public français est l’un des plus intéressés et intéressants du monde. Il visite scrupuleusement, pose beaucoup de questions… mais achète fort peu !

Emmanuel Perrotin, l’un des principaux galeristes français a pu s’en rendre compte puisqu’il dispose de trois espaces à Paris, un à New York et un autre à Hong Kong : ses clients habitant en France ne représentent que 10 % de son chiffre d’affaire annuel, les grands collectionneurs français vivant pour la plupart à l’étranger.

Malgré cela, Paris reprend peu à peu de son importance comme place de marché et quelques indices viennent confirmer son intérêt symbolique, pour les artistes, mais également pour les grandes galeries qui y ouvrent des bureaux (c’est le cas avec l’enseigne américaine Pace Gallery qui s’y installe en novembre). La fréquentation internationale de la FIAC est un autre indicateur de ce rayonnement.

Modern Institute Fiac 2015 Monika Sosnowska

Monika Sosnowska, Rebar, Pipe et Advertisement, 2015 © The Modern Institute/ Toby Webster Ltd